samedi 2 février 2013

Grand Palais : Edward Hopper sous les projecteurs

Couverture de l'album de l'exposition
 Hier soir commençait le marathon Hopper au Grand Palais. L'évènement a toute son importance car à son lancement, personne ne s'attendait à un tel flot de visiteurs, prêts à faire la queue quatre heures dans le froid, sous la neige ou la pluie. Les places se sont envolées dès le début de leur mise en vente, et j'ai réussi à en avoir pour hier soir, de justesse, puisque l'exposition a été rallongée exceptionnellement et qu'elle se termine maintenant le 3 février, soit demain. Même avec des places réservées pour 19h30, nous avons fait la queue pendant trois quarts d'heure avant de pouvoir rentrer (ce qui est court !) Heureusement, nous avons eu une petite distraction puisque BFM TV m'a interrogée pour leur reportage sur ce marathon.
 À l'intérieur comme à l'extérieur, il y avait foule. Ce qui est assez dommage, car au début de l'exposition les tableaux sont assez petits, et surtout dans la salle des gravures où les visiteurs rasent les murs. Je pense que vous comme moi, détestez devoir attendre derrière une masse de gens de pouvoir regarder les œuvres, mais également devoir se dépêcher. J'étais déçue de ne pas pouvoir apprécier les tableaux correctement, mais au moins j'ai pu rentrer !

 Donc, une fois à l'intérieur, un circuit zigzagant de pièces en pièces nous attend, et l'on commence par découvrir les premières œuvres de Hopper aux côtés de tableaux de Degas et autres peintres, entrelacés de textes explicatifs de la vie de l'artiste, ses séjours à Paris et autres anecdotes. Une bonne initiative, car cela permet d'en savoir plus sur lui, sur ce qui l'a poussé à peindre et d'où lui vient son style particulier.
 Puis l'on commence à rentrer vraiment dans le sujet en s'asseyant devant le diaporama de ses illustrations et couvertures de magazines comme Hotel Management.

Couvertures pour Hotel Management

 Au fur et à mesure, on avance vers ses œuvres les plus connues, toujours accompagnées de travaux d'autres peintres comme Charles Burchfield, dont j'ai longuement regardé ce tableau :

Orion and the Moon - Charles Burchfield
 Bien plus beau en vrai, les nuances de gris qui le composent et le style du dessin, un peu enfantin mais à la fois angoissant, ainsi que la lueur des étoiles et de la Lune, m'ont intriguée et impressionnée. 

 Et plus on avance, moins il y a de monde, les tableaux s'espacent et s'imposent, et l'on ressent de plus en plus un étrange sentiment de solitude que l'on retrouve dans la plupart des œuvres de Hopper. 

Source : l'Express
 Mon père, artiste et dans l'âme et dans son métier, me dit que le peintre a l'air d'être enfermé dans sa bulle. En effet, ses tableaux, s'ils pouvaient parler, resteraient silencieux. Ils parlent à travers les couleurs, la représentation de la lumière, l'attitude des personnages, eux aussi, silencieux. Beaucoup de tableaux représentent des femmes seules dans une chambre, tête baissée, souvent dénudées ou en fine robe. 

Morning Sun
Summertime
 Je me suis retrouvée dans ses tableaux. Cela me rappelle les moments où je m'arrête et je regarde au loin, par la fenêtre, dans le vide. Sans forcément penser, je regarde, je respire. Et cela m'arrive souvent, de mettre la vie sur "pause", et de juste être là et ressentir le monde. Dans ces œuvres on retrouve des moments suspendus et des paysages très vastes et étendus, ainsi que des espaces vides (Sun in an Empty Room). Les personnages, impassibles, ne sont pas dans l'action, mais je trouve qu'ils font réellement partie du tableau et de l'espace représenté, en cohésion avec le monde qui les entoure. 

 On remarquera aussi que les couleurs des tableaux de Hopper sont tout simplement superbes, intenses. On s'arrête aussi pour prendre le temps d'identifier chaque tonalité de couleur et leur application sur la toile. Des tons pastels aux nuances éclatantes, la couleur a son importance.

Sun in an Empty Room

Voie ferrée au coucher du soleil
 Quand je suis arrivée devant Sun in an Empty Room, j'ai été assez surprise. Une pièce vide, une fenêtre, pas de meubles et juste la lumière. Je n'ai rien dit, rien pensé. Dernière œuvre de l'exposition, celle-ci nous laisse perplexe et renforce ce sentiment de bulle, cet état de contemplation dont je parlais plus haut. On ne peut qu'admirer la représentation de la lumière et le maniement des teintes de jaune.

 Au beau milieu de la dernière salle, je remarque soudainement quelque chose : le bleu est toujours présent dans les tableaux colorés du peintre. Son auto-portrait, dans lequel il porte une chemise bleue, m'a frappé.

Self portrait
 Le bleu est présent, toujours, en petites notes ou en reflets, ou alors dans la totalité du tableau (Ground Swell). Symbole de solitude, de mélancolie et de paix, il invite à la spiritualité et l'évasion. Admirateur de Charles Baudelaire depuis son premier voyage à Paris, le peintre a l'air de se sentir proche de la pensée du poète. Moi-même admiratrice de Baudelaire, je comprend pourquoi les peintures d'Edward Hopper me bouleversent. Peut-être avons nous le même état d'esprit, après tout.

 Pour finir, ce tableau, Ground Swell, devant lequel je suis repassée à plusieurs reprises, admirant l'épaisseur de la peinture et les milliers de teintes de bleu et de vert. Superbe.

Ground Swell

 Note : L'exposition et les tableaux sont à voir en vrai. Les couleurs que l'on peut trouver sur Internet ou dans le catalogue de l'exposition sont complètement différentes de celles des tableaux.


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